Benito Mussolini
(1897-1973)


Un fils de la misère et de la révolte
Benito Amilcare Andrea Mussolini naît le 29 juillet 1883 à Predappio, un petit village d’Émilie-Romagne, dans le nord de l’Italie. Il est le fils d’un forgeron socialiste et d’une institutrice catholique. Très tôt, il est bercé par des idées révolutionnaires, anticléricales et nationalistes.
Adolescent violent, intelligent, mais instable, il est exclu de plusieurs écoles. Dès lors, il exerce divers métiers, s’engage dans la vie politique, écrit dans des journaux socialistes, et devient un militant radical. Il prône la lutte des classes, la grève générale, et parfois la violence politique. Il développe une vision confuse mêlant anticapitalisme, nationalisme, et croyance en la force brutale.
Du socialisme au nationalisme
En 1912, Mussolini devient directeur du journal « Avanti! », organe du Parti socialiste italien. C’est un tribun enflammé, un écrivain provocateur, et un orateur captivant. Mais en 1914, la guerre divise la gauche : Mussolini rompt avec le pacifisme du parti et prend position pour l’intervention de l’Italie aux côtés de la France et de la Grande-Bretagne.
Cette trahison idéologique lui vaut l’exclusion du parti socialiste. Il fonde alors son propre journal, Il Popolo d’Italia, où il développe une nouvelle doctrine : un socialisme national, autoritaire, qui exalte l’unité du peuple, le culte de la patrie, et la violence régénératrice. C’est dans ces années que germe le fascisme.
Le Duce conquiert l’Italie
La fin de la Première Guerre mondiale laisse l’Italie dans un état de chaos : inflation, chômage, grèves, agitation sociale. Mussolini exploite ce climat de peur. En 1919, il fonde les Faisceaux italiens de combat, milices paramilitaires composées d’anciens combattants, d’anticommunistes et de nationalistes frustrés. Ils s’habillent en noir, brisent les grèves, attaquent les socialistes, et instaurent un climat de terreur.
En 1922, après des années de violences et d’agitations, Mussolini marche sur Rome avec ses partisans. Le roi Victor-Emmanuel III, paralysé par la crainte d’une guerre civile, lui confie le pouvoir. À seulement 39 ans, Mussolini devient le plus jeune Premier ministre d’Italie.
Progressivement, il détruit l’État libéral, interdit les partis, supprime la liberté de la presse, installe la censure, crée une police politique (OVRA) et s’octroie des pouvoirs dictatoriaux. Il prend le titre de « Duce » – le guide – et bâtit un régime autoritaire, fondé sur le culte de sa personne, la propagande, et le nationalisme viril.
Le modèle du totalitarisme moderne
Dans les années 1930, Mussolini incarne la première dictature fasciste d’Europe. Il veut régénérer l’Italie, former un « Homme nouveau », relancer la natalité, encadrer la jeunesse. Il fait construire des routes, assèche les marais, modernise partiellement l’économie, tout en glorifiant l’Empire romain et en rêvant d’un empire colonial.
En 1935, il envahit l’Éthiopie dans une guerre brutale, marquée par l’utilisation de gaz toxiques contre les civils. En 1936, malgré l’hostilité de la Société des Nations, il proclame la naissance de l’Empire italien d’Afrique. Cette victoire renforce son prestige, mais isole l’Italie des démocraties occidentales.
Peu à peu, Mussolini se rapproche de l’Allemagne nazie, qu’il avait initialement regardée avec méfiance. En 1936, il scelle avec Hitler l’Axe Rome-Berlin, et en 1938, il adopte des lois raciales antisémites, imitant la législation nazie, au mépris de la tradition italienne. L’Italie fasciste entre alors dans l’orbite hitlérienne.
L’engrenage de la guerre
Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate en septembre 1939, Mussolini reste d’abord neutre, conscient que l’Italie n’est pas prête. Mais en juin 1940, alors que la France s’effondre, il se jette dans la guerre pour profiter d’une victoire qu’il pense acquise.
La suite est un désastre. L’armée italienne, mal préparée, mal équipée, subit défaite sur défaite : en Grèce, en Afrique, en Russie… Mussolini s’illusionne sur la puissance de son pays, multiplie les interventions maladroites, et devient de plus en plus dépendant d’Hitler.
Son régime s’enfonce dans la répression. À partir de 1942, l’Italie est en état de guerre permanent : bombardements, rationnements, défaites militaires… La société italienne se désagrège, et le Duce apparaît de plus en plus affaibli, isolé et dépassé.
La chute du Duce
En juillet 1943, après le débarquement allié en Sicile, le Grand Conseil fasciste vote la destitution de Mussolini. Le roi le fait arrêter, et le nouveau gouvernement signe un armistice avec les Alliés. Mais Hitler intervient immédiatement : il fait libérer Mussolini lors d’un raid spectaculaire (opération Chêne), et le place à la tête d’un État fantoche, la République sociale italienne (RSI), dans le nord occupé par les nazis.

Le Duce n’est plus qu’une marionnette de l’Allemagne, réduit à signer des exécutions de résistants, à fuir la réalité, tandis que les Italiens se soulèvent, que les partisans s’organisent, et que l’armée allemande écrase le pays.
Une fin misérable
En avril 1945, alors que les Alliés approchent de Milan, Mussolini tente de fuir vers la Suisse avec sa maîtresse, Clara Petacci, déguisé en soldat allemand. Il est capturé par des partisans communistes à Dongo, au bord du lac de Côme, le 27 avril 1945.
Le lendemain, il est exécuté sommairement, avec Petacci, d’une rafale de mitraillettes. Leurs corps sont transportés à Milan, pendus par les pieds à une station-service, et livrés à la vindicte populaire. Cette fin brutale, spectaculaire, est à l’image de sa chute : tragique, grotesque et sans gloire.