Erwin Rommel
(1897-1973)


Un officier brillant au service de l’Allemagne
Erwin Johannes Eugen Rommel naît le 15 novembre 1891 à Heidenheim, dans le royaume de Wurtemberg. Issu d’une famille bourgeoise, il entre très jeune à l’Académie militaire, montrant dès le départ un tempérament vif, curieux et passionné par la tactique.
Engagé durant la Première Guerre mondiale, Rommel se distingue par son courage et son ingéniosité sur le champ de bataille, gagnant plusieurs décorations dont la prestigieuse Croix de Fer. Ses succès dans les combats de tranchées, ses capacités de commandement ainsi que sa capacité à s’adapter aux circonstances difficiles le font rapidement remarquer.
L’entre-deux-guerres : un soldat fidèle et discret
Entre les deux conflits, Rommel poursuit sa carrière dans une armée allemande limitée par le traité de Versailles. Il se forme aux nouvelles doctrines militaires, notamment la guerre de mouvement et la tactique blindée, tout en enseignant à l’École de guerre.
Il publie en 1937 un manuel influent, « Attaque », qui montre son intérêt pour l’offensive rapide, la surprise et la manœuvre. S’il reste un officier loyal au régime nazi, il ne se mêle pas ouvertement de politique, se concentrant sur sa mission militaire. Il séduit rapidement Hitler, qui apprécie son style direct, son patriotisme sincère et sa loyauté. En 1940, Rommel est propulsé à la tête de la 7e Panzerdivision, avec laquelle il mène une avancée spectaculaire à travers la France. Elle sera surnommée la « division fantôme » tant sa progression est rapide et imprévisible.
Le « Renard du désert » : maître de la guerre en Afrique
En février 1941, Hitler l’envoie en Afrique du Nord pour porter secours à l’armée italienne en difficulté. Rommel prend le commandement de l’Afrikakorps, et mène dès le printemps une série d’offensives fulgurantes contre les Britanniques. Sa connaissance du terrain, son utilisation habile des chars et son audace constante lui valent le surnom de « Renard du désert ».

Il remporte des succès éclatants à Tobrouk et Gazala, faisant prisonniers des milliers de soldats et menaçant même l’Égypte. Aussi, son prestige grandit en Allemagne et même chez ses ennemis : les Britanniques eux-mêmes louent sa bravoure et son respect des lois de la guerre.
Cependant, derrière les exploits se cachent des faiblesses structurelles. En effet, Rommel commande avec très peu de soutien logistique, sans contrôle sur les ravitaillements — souvent insuffisants ou interceptés. De plus, sa stratégie d’offensive permanente, bien que spectaculaire, use ses forces et les rend dépendantes de lignes d’approvisionnement vulnérables.
En 1942, il lance une ultime offensive vers l’Égypte. Mais à El Alamein, en octobre, il fait face à une armée britannique supérieure en nombre, en matériel et désormais commandée par Bernard Montgomery. L’affrontement tourne au désastre : Rommel est repoussé, puis obligé de battre en retraite à travers toute la Libye.
Il demande des renforts à Hitler, avertit de l’impasse, mais le Führer refuse toute retraite et ordonne de tenir coûte que coûte. Rommel, réaliste, voit bien que la guerre en Afrique est perdue. Ainsi, en mars 1943, malade et désabusé, il quitte le commandement du front africain. Quelques mois plus tard, l’Axe capitule en Tunisie.
La campagne de Normandie et le déclin
En 1944, Rommel est chargé de superviser le mur de l’Atlantique, notamment en Normandie. Il constate rapidement que les défenses sont insuffisantes, les moyens dispersés et les ordres incohérents. Il plaide pour une stratégie défensive mobile, mais se heurte à Hitler et à l’état-major.

Library of Congress, Washington, D.C.
Le 6 juin 1944, le Débarquement allié a lieu. Rommel tente d’organiser la résistance, mais les divisions blindées sont tenues en réserve par Hitler, et les Alliés s’implantent solidement. Rommel est blessé gravement lors d’une attaque aérienne le 17 juillet 1944.
L’opposant au régime et la fin tragique
Au final, Rommel s’éloigne du nazisme, écœuré par la guerre totale, les exécutions sommaires, et le fanatisme du Führer. Il est approché par les conjurés de l’attentat du 20 juillet 1944, sans toutefois y prendre une part active. Pour beaucoup, il incarne l’officier patriote, non idéologue, prêt à sauver l’Allemagne d’une destruction totale.
Après l’échec de l’attentat contre Hitler, les SS enquêtent. Rommel est compromis. Mais plutôt que de le faire exécuter publiquement, Hitler lui offre le choix : un suicide discret, avec la promesse de préserver sa famille, ou un procès pour haute trahison. En définitive, le 14 octobre 1944, il se suicide avec une capsule de cyanure dans sa maison de Herrlingen.