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Joseph Goebbels

(1897-1973)

Joseph Goebbels
Joseph Goebbels

Une jeunesse dévorée par l’ambition

Paul Joseph Goebbels naît le 29 octobre 1897 à Rheydt, en Rhénanie, au sein d’une famille catholique de la petite bourgeoisie. Son père, Fritz Goebbels, est comptable dans une usine, loyal monarchiste, catholique pratiquant. Sa mère, Maria, incarne le rôle maternel traditionnel. Joseph est un enfant intelligent et studieux. Toutefois, il souffre d’un complexe physique majeur : une malformation au pied droit, probablement due à une ostéomyélite, qui le condamne à boiter à vie et l’empêche de servir comme soldat durant la Première Guerre mondiale. Cette infirmité nourrira en lui un sentiment profond d’infériorité, une rancœur violente contre ceux qu’il perçoit comme favorisés par le destin. Ainsi sont en place les germes d’un besoin brûlant de revanche.

Brillant élève, il entreprend des études de littérature, de philosophie et d’histoire à Heidelberg, où il obtient un doctorat en littérature allemande en 1921. Séduisant, cultivé, passionné de théâtre, il rêve de devenir écrivain ou dramaturge. Ainsi, il tente, sans succès toutefois, de publier des romans ou de percer dans la critique littéraire. Ses œuvres sont boudées, et ses ambitions artistiques échouent dans l’indifférence. Là encore, ce sentiment d’échec va nourrir sa radicalisation. Il en tire la conviction que le système républicain et démocratique est verrouillé au profit des élites libérales, cosmopolites et juives. C’est cette idée qui l’amènera rapidement vers l’extrême droite.

La rencontre avec Hitler : la révélation d’un destin

En 1924, Goebbels découvre le NSDAP. Il se laisse séduire par ses thèmes : revanche sur Versailles, nationalisme exacerbé, antisémitisme virulent. Au départ, il est méfiant à l’égard de Hitler, qu’il juge trop « bourgeois ». Cependant, sa première rencontre personnelle avec le Führer en 1926 le bouleverse profondément. En effet, trouve en lui le chef charismatique et le visionnaire messianique qu’il attendait. Dès lors, sa fidélité à Hitler sera absolue, fanatique, presque religieuse.

De son coté, Hitler est impressionné par l’intellect et les talents oratoires de Goebbels. Il lui alors confie la direction du parti dans la région de Berlin. Goebbels transforme alors la capitale allemande en un champ de bataille politique. En effet, il y organise les premières grandes campagnes de propagande, mêlant meetings électrisants, affiches provocatrices, slogans chocs et agitation dans la rue. Il s’avère être un orateur d’exception : incisif, théâtral, habile à manier la colère des masses comme la haine des ennemis. Surtout, il perfectionne l’art de la diabolisation, notamment contre les Juifs, les communistes, et la presse libérale.

Le maître de la propagande du Reich

En 1933, après la prise du pouvoir par les nazis, Goebbels est nommé ministre du Reich à l’Éducation du peuple et à la Propagande. Il obtient ainsi le contrôle total des journaux, de la radio, du cinéma, du théâtre, de la littérature, et même des arts plastiques. Ainsi, c’est lui qui forge l’esthétique du IIIe Reich : drapeaux rouges, croix gammées, mises en scène millimétrées des défilés, culte de la personnalité de Hitler, glorification du Volk allemand.

Joseph Goebbels, maître de la propagande du Reich
Joseph Goebbels, maître de la propagande du Reich

Goebbels comprend mieux que quiconque le pouvoir émotionnel des images, des mots, du spectacle. Il impose une culture de masse façonnée par l’idéologie nazie. La presse est muselée, les journaux indépendants interdits ou rachetés. Les films deviennent des instruments de conditionnement collectif. En 1934, il supervise personnellement les fameuses Nuits de Nuremberg, grand-messes politiques spectaculaires filmées par Leni Riefenstahl. Enfin, la radio, surnommée « le tambour du Reich », devient l’outil central de sa propagande, pénétrant tous les foyers.

Toutefois, Goebbels ne se contente pas de manipuler : il croit profondément en ce qu’il diffuse. Son antisémitisme est viscéral. Il orchestre la propagande haineuse qui précède les persécutions : caricatures ignobles, rumeurs sur les « dangers juifs », théorie du complot mondial. Il est aussi le principal artisan de la propagande guerrière appelant la population à la mobilisation totale, puis à l’endurance face aux bombardements alliés.

L’homme du fanatisme et de la haine

Goebbels est une figure complexe : cultivé, brillant, mais aussi cruel et manipulateur. Il admire l’intelligence, mais l’utilise pour corrompre les esprits. Il vit dans l’ombre de Hitler, qu’il vénère, imite et flatte sans cesse. D’ailleurs, ses enfants portent tous un prénom commençant par un H, comme Hitler.

Marié à Magda Goebbels, figure emblématique du régime, il ont six enfants, qu’ils exposent volontiers aux caméras du Reich comme incarnation de la famille aryenne idéale. Cependant, derrière cette façade, leur couple est instable, jalonné de disputes, de liaisons et de manipulations. Goebbels est un séducteur pathologique. Il multiplie les aventures, notamment avec des actrices qu’il recrute via les studios qu’il contrôle.

Joseph et Magda Goebbels, avec 3 de leurs enfants, et Adolf Hitler
Joseph et Magda Goebbels, avec 3 de leurs enfants, et Adolf Hitler

Sur le plan politique, il ne recule devant rien pour écraser l’opposition. En novembre 1938, il joue un rôle déterminant dans la Nuit de Cristal, durant laquelle des centaines de synagogues sont incendiées et des milliers de commerces juifs détruits. Il supervise les campagnes antisémites les plus violentes. Pendant la guerre, il masque la réalité des camps de concentration, tout en appelant à l’éradication totale de « l’ennemi intérieur ».

L’effondrement et le suicide

À mesure que la guerre tourne au désastre, Goebbels durcit encore sa propagande. Il invente le concept de « guerre totale », qu’il expose dans un discours célèbre prononcé au Sportpalast de Berlin, en février 1943. Il exhorte la population à tout sacrifier pour le Reich, à se battre jusqu’au bout, à refuser la capitulation, même face à l’inéluctable.

A la fin, en 1945, alors que Berlin est encerclée par les Soviétiques, Goebbels reste l’un des derniers fidèles d’Hitler. Il se retranche avec lui dans le Führerbunker. Le 30 avril, après le suicide du Führer, il est brièvement nommé chancelier via le testament d’Hitler. Mais ce titre est purement symbolique. Le lendemain, le 1er mai 1945, Goebbels et son épouse empoisonnent leurs six enfants dans leur sommeil. Ensuite, ils se suicident ensemble dans le jardin de la chancellerie. Leurs corps sont brûlés, comme ceux de Hitler et Eva Braun.